Elise et Axelle, toutes deux élèves de 4e à Sainte Anne, expliquent ce que la liberté d’expression représente à leurs yeux.
Selon vous que signifie la liberté d’expression?
Elise : C’est pouvoir dire ce que l’on pense sans être jugé.
Axelle : C’est ce que je pense aussi.
Est-ce que la question de la liberté d’expression dans les médias par exemple est une question qui vous intéresse et qui est importante pour vous ?
E : Pour moi c’est très important. Les gens n’osent pas dire ce qu’il pensent parce qu’ils ont peur. Par exemple, Charlie Hebdo, voilà un journal qui dit ce qu’il pense et on leur a tiré dessus.
A l’école y a-t-il des limites à la liberté d’expression ?
E : Je pense que lorsqu’on dit trop ce que l’on pense les profs peuvent se vexer, se braquer et nous sanctionner. Au primaire je disais vraiment ce que je pensais et, un jour, je suis allée trop loin. C’était pendant le cours de religion. J’ai dis que tout ça n’était pas forcément vrai et qu’on “nous prenait un peu la tête” pour des choses peut-être fausses. Comme c’était une religieuse, elle l’a mal pris et je me suis retrouvée dans le bureau de la directrice avec ma mère. J’ai pris deux heures de colle. Je pense qu’elle a mal accepté mes propos parce qu’elle a eu l’impression que je méprisais sa religion. Moi, je voulais juste dire que j’étais athée. Depuis, j’ai appris à modérer ma façon de l’exprimer.
Existe-t-il des choses qu’on ne peut pas dire ?
A : Dans le prolongement de ce que vient de dire Elise, je pense qu’il faut vraiment faire attention à ce que l’on dit parce qu’on peut vexer quelqu’un facilement et sans le vouloir.
Êtes-vous libres de vous exprimer à l’école en général ?
E : Oui mais il faut veiller cependant à ne pas aller trop loin. Certaines personnes sont sensibles donc il ne faut pas les blesser.
Et avec les professeurs, avez-vous le sentiment de pouvoir vous exprimer librement ?
E : Cela dépend. Il arrive, par exemple, que si un professeur se trompe et accuse à tors un élève, le plus souvent, il refuse de discuter avec lui et pense qu’il ment.
A : Moi je ne dis pas toujours ce que je pense quand je suis en classe parce que je n’ai pas envie de faire des histoires
Quelles sont les occasions où le droit de s’exprimer est donné à l’élève ?
E : Avant un conseil de classe, pendant les heures de vie de classe ou pendant les cours certains profs prennent du temps pour parler avec les élèves et pour leur donner la parole. Madame Burckel, par exemple fait très bien cela. Mais, là encore, on ne peut pas toujours dire exactement ce qu’on pense. Par exemple, si tu critique un professeur et que cela est répété en conseil de classe, le professeur en question peut se vexer. C’est toujours la même chose, il faut être prudent.
A : Je trouve que les conseils de classe sont une bonne occasion pour dire ce qui ne va pas, mais aussi ce qui est bien, et ce que l’ on pourrait améliorer.
E : Le problème, c’est que, souvent, nos paroles n’ont aucun effet. Ça fait trois ans que je suis au collège et à chaque conseil on dit exactement la même chose.
Et entre élèves, est-ce qu’on peut s’exprimer librement ?
E : Dans l’ensemble, je trouve que l’on s’écoute pas mal. Mais j’ai déjà vu des élèves se menacer entre eux et dire des choses comme : “Si tu dis ça je te défonce”. Il existe donc aussi des cas où entre élèves, il n’est pas toujours facile de dire ce que l’on pense. Dans la cour, il y a des clans. Certains ne respectent pas les plus faibles. C’’est plutôt la loi du plus fort. Tout le monde voudrait être apprécié de tout le monde, mais ça marche rarement et il y en a beaucoup qui font semblant de s’apprécier mais qui se détestent en réalité.
A : Oui il faut vraiment être fort moralement lorsqu’on est au collège.
Quelles propositions feriez-vous pour améliorer la liberté d’expression à l’école ?
E : Je pense qu’il faudrait que les élèves se disent un peu ce qu’ils pensent réellement sans exagérer, sans chercher à faire des histoires. Certains élèves exagèrent et ne s’en rendent pas forcément compte.
A : On pourrait faire une sorte de conseil des élèves
Propos recueillis par Imane et Shadia