Il a été fait péché pour nous

Dimanche 11 mars 2018, 26e jour de carême

Aujourd’hui, c’est le 4e dimanche de carême dit de « Laetare » parce que l’Introït, c’est à dire le chant d’entrée grégorien qui ouvre la messe de ce jour (en tout cas, c’est ce qui est prévu) débute par ces mots : « Laetare Jerusalem et conventum facite omnes qui diligitis eam… » c’est à dire « Réjouis-toi Jérusalem, rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, vous qui étiez dans la tristesse. Que vous exultiez et que vous soyez rassasiés dans l’abondance de votre consolation ».

l’Evangile du jour, nettement moins réjouissant, évoque une conversation entre Jésus et Nicodème : Jésus fait référence à un bien étrange épisode de l’Ancien Testament dans lequel, Moïse, sur ordre de Dieu et afin de sauver les hébreux affrontés à des serpents mortels, élève un serpent de métal sur un mat. Ceux qui levaient les yeux vers ce mat étaient sauvés de la morsure des serpents. Jésus semble s’appliquer à lui même cette étrange figure : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. » Antoine Van Dick, célèbre peintre de cour du XVIIe siècle, conformément à la tradition iconographique chrétienne, représente cet épisode de Moïse et le serpent d’airain en en faisant une lecture conforme à l’évangile. Ainsi le mat devient une croix. Cette comparaison entre Jésus crucifié et le serpent d’airain peut, à première vue paraître scandaleuse. Le serpent en effet est traditionnellement un symbole du mal, du péché. Il peut être déjà étonnant que Dieu, dans l’Ancien Testament demande d’en faire un sorte d’idole salutaire qu’il faut regarder pour guérir. Mais combien plus étrange est cette récupération par Jésus de la symbolique. Il est alors utile de se souvenir de l’infamie que représentait pour l’époque du Christ la mort sur la croix réservée aux voyous de la pire espèce. Saint Paul écrira : « Celui qui n’avait pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous » (2e épitre au Corinthiens ch. 5, v. 21). Il a pris la place du pécheur, il en a subit la condamnation, il a payé notre rançon. Nous sommes libres… mais avant de parvenir à la pleine joie pascale, il faudra passer par la croix. C’est par elle que nous sommes sauvés. Gardons les yeux fixé sur la croix du Christ et la morsure du mal et du péché, même si nous sommes mordu, ne pourra rien contre nous.

Voici le tableau de Van Dick. Vous y trouverez le texte de l’Evangile ainsi que le commentaire de saint Augustin.