Samedi 10 mars 2018, 25e jour de carême
Aujourd’hui, petite méditation sur l’Evangile du jour… (Luc 18, 9-14)
Comme dans toutes les paraboles de Jésus, il est possible de s’identifier à tous les personnages et il convient souvent de s’identifier à chacun. Par exemple, s’il s’agit de la parabole du fils prodigue, nous pouvons être tour à tour, le fils qui revient, penaud, chez son père après avoir gaspillé sa fortune ou bien le frère aîné, vexé de ce que leur père tue le veau gras pour le retour de son cadet, tandis que lui est resté bien sagement à la maison et aurait mérité plus encore d’être récompensé. Dans le cas de la parabole de ce jour, nous sommes un peu dans la même configuration : un pharisien qui s’enorgueilli devant Dieu d’être parfait et un collecteur d’impôt, c’est à dire un israélite qui collabore avec l’occupant romain, qui, lui, ose à peine lever les yeux au Ciel. Nous pouvons être l’un ou l’autre, tout dépend des circonstances et de notre état d’esprit. Une chose est remarquable : il est écrit que, sa prière faite, chacun s’en retourne chez lui, le second devenu juste, le premier non. On ne nous dit pas que le collecteur d’impôt a décidé de changer de vie, d’arrêter de travailler pour les romains et de s’adonner désormais à des oeuvres caritatives. Non, c’est parce qu’il a reconnu son péché, qu’il est devenu juste. On pourrait trouvé qu’il s’en tire à bon compte et que c’est un peu facile. Et nous, est-ce que, lorsque nous avons reconnu notre faute, par exemple au retour d’une confession, nous avons pris la décision de changer de vie absolument et sommes certain que nous ne retomberons plus dans notre faute ? Il semble bien que Dieu n’exige pas, en tout cas pas immédiatement le changement d’état de vie pour accorder son pardon et il existe beaucoup de situations où la perfection d’état est, du moins temporairement impossible. Inutile de donner des exemples, il suffit de regarder autour de nous. Dans l’Eglise, nous parlons souvent de la grâce. Mais comprenons-nous bien de quoi il s’agit ?La grâce n’est pas une perfection d’état, même si elle peut y conduire. La grâce, c’est le pardon de Dieu. Le collecteur, parce qu’il s’est humilié, parce qu’il a reconnu sa faute, est gracié, pardonné. Nous sommes tous des collecteurs, nous avons tous des connivences, parfois structurelles, avec le mal. Et pourtant, si nous reconnaissons cela, si nous portons sur nous un regard vrai, alors nous sommes gracier, quand bien même nous ne serions pas encore en situation de changer nos vies radicalement. De pardon en pardon, de grâce en grâce, Dieu nous conduira a cette vie bonne à laquelle il nous appelle. Pour l’heure nous vivons sous le régime de la grâce. Deo gracias.