Vendredi dernier, rien n’était tout à fait comme d’habitude.
Les enfants sont venus à l’école le ventre vide car on allait partager un moment spécial : le petit déjeuner. Une volonté des enseignantes Delphine et Louisette d’allier l’utile à l’agréable : diététique et Convivialité.
Tout est parti d’un constat des enseignantes de GS et de CE2 : certains élèves arrivent fatigués le matin, sans énergie. Après discussion pendant le cours de sciences, les enseignantes ont été surprises de voir que près de 7 enfants par classe venaient le matin le ventre vide, certains jours de la semaine. On sait que le premier repas de la journée est essentiel pour les enfants, on sait aussi qu’ils sont très nombreux à le zapper (faute de temps, d’envie ou de moyens).
Résultat : des élèves « plus fatigués, moins concentrés, moins attentifs, moins participatifs », Sans petit-déjeuner et sans collation de 10 heures pour certains, de nombreux enfants piquent du nez après la récréation du matin. À cette grande fatigue, qui peut se traduire aussi par une agitation nerveuse, s’ajoutent parfois des maux de ventre, des malaises, des chutes de glycémie…
Ils ont mal au ventre vers dix heures, ensuite, ils ont mal à la tête.
Vers onze heures, onze heures et demie, ils sont en hypoglycémie.
lls ne sont plus capables de travailler, ils ont la tête sur la table…
Les enseignantes ont alors décidé de faire des courses, de demander un peu d’aide aux parents pour tout organiser et le projet est né avec l’aide et l’encouragement de la directrice, sensible au bien-être des enfants.
Des bougies pour l’ambiance.
Une table a été dressée dans le hall du sous-sol, des salles ont été préparées, des petites bougies pour l’ambiance…
Les grandes sections et les ce2, chacun à leur niveau, avaient préparé la séance : venue d’une diététicienne, travail sur les groupes alimentaires, comment manger équilibré dès le matin ?
Les ce2 avaient comme mission de cocher les aliments choisis dans les groupes indispensables et de noter ce qui manquait sur le plateau des plus petits. Ainsi, notre joyeuse troupe s’est mise à choisir les aliments variés proposés des différents groupes et le travail s’est parfaitement déroulé.
Et un moment de grâce est survenu : tout le monde déjeunait, était calme et les plus petits se sont placés sous l’aile des plus grands qui leur expliquait que « le fruit c’est bon pour les vitamines, pour ta santé… ». Et absolument la totalité des enfants a pris un petit-déjeuner équilibré…
Des « breakfasts club » à l’école
Les Suédois ont peut-être trouvé la solution : ramener la table du petit-déjeuner à l’école. Les élèves qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un repas équilibré avant la classe.
En Roumanie, les crèches et les écoles maternelles le pratiquent aussi.
Au Danemark, il n’est pas rare de proposer des fruits et du pain aux plus petits.
Les Anglais, qui multiplient les « breakfasts clubs » dans leurs écoles, se sont penchés très sérieusement sur la question. Une étude menée par des chercheurs de l’université de Cardiff (Pays de Galles), publiée dans le journal Public Health Nutrition, en novembre 2015, avait déjà montré que les enfants ayant avalé un petit-déjeuner sain le matin (à l’école ou à la maison) obtenaient de meilleurs résultats scolaires que ceux qui n’en avaient pas pris.
Leçon pendant le petit-déjeuner
En France, « il peut être envisagé de proposer aux élèves une collation dès leur arrivée à l’école maternelle ou élémentaire et, dans tous les cas, au minimum deux heures avant le déjeuner », dit Eduscol, le site pédagogique du ministère de l’Éducation nationale. Dans les faits, en dehors de la « Semaine du goût », il est très rare que des petits-déjeuners soient proposés.
À Strasbourg, Céline Haller, une institutrice de CM2, a réussi à instaurer deux fois par semaine un petit-déjeuner en classe. Elle fait les courses (grâce à diverses subventions), les enfants mettent la table et font la vaisselle. Pendant qu’ils partagent ce repas, la maîtresse en profite pour leur donner une leçon d’arts, de sciences ou un cours de cuisine… Le tout en 30 minutes chrono. Après deux ans de test, quasiment tous les élèves de Céline Haller prennent dorénavant un petit-déjeuner à la maison et en famille. A méditer…