« L’école en général est le lieu où l’on peut tout dire » M. Fanchini, responsable Vie scolaire

Responsable de la vie scolaire à l’école Sainte-Anne, Laurent Fanchini est, dans le cadre de ses fonctions, amené régulièrement à s’interroger sur la liberté d’expression et sur ses limites dans le cadre scolaire. Il dit lui -même  : “Finalement la liberté d’expression ça en pose des questions”.

Comment définiriez-vous la liberté d’expression ?

Laurent Fanchini : La liberté d’expression c’est le droit de pouvoir dire ce qu’on veut,

d’exprimer ses opinions tout en restant dans une certaine limite.

Quel est votre rôle au collège par rapport à la liberté d’expression ?

On ne peut pas s’en prendre à quelqu’un, à son intégrité,  à ce qu’il est, à sa religion  mais pour moi,  l’école en général est le lieu on l’on peut tout dire.

Vous n’avez jamais puni un élève à cause d’un problème de liberté d’expression ?

Est-ce que la liberté d’expression c’est de pouvoir dire “t’as vu ta tête ?”. Est-ce que c’est par exemple ce qu’un élève disait à autre dernièrement :  « tiens,  file moi ta photo je vais la mettre à la cave, ça fera fuir les rats » ? Est-ce que l’on peut tout dire y compris dire n’importe quoi ? Par n’importe quoi, j’entends porter atteinte à quelqu’un.

Dans la liberté d’expression, il y a une limite. Celle-ci est définie par la loi. A l’école, la loi s’applique. Elle est relayée par le règlement intérieur qui rappelle aux élèves qu’ils doivent se respecter mutuellement.  A Sainte-Anne, en plus, on est dans une école catholique et  donc s’ajoute la dimension de regard bienveillant sur les autres.

A l’école, on peut aborder tous les sujets, toutes les questions de la vie : c’est le lieu. A votre âge, vous pouvez avoir des questions. Pour moi, l’école, dans la mesure où on ne franchit pas la limite de la loi, doit être le lieu où on peut poser toutes les questions y compris des questions très difficiles à aborder, celles dont vous pouvez entendre parler dans les médias notamment . Je préfère qu’on en parle a l’école, que vous posiez vos questions plutôt que vous ne  reportiez des discours que vous entendez à droite à gauche. Il faut que vous puissiez d’ailleurs poser des questions sur la teneur de ces discours. Ça fait partie du rôle de l’école. Il vaut mieux en parler plutôt que sur les réseaux sociaux, car à l’école on pourra vous poser le cadre, écouter votre point de vue si vous en avez un, vous laisser vous exprimer  tout en vous rendant attentif à ce qui est punissable par la loi dans vos paroles. On vous incitera à structurer votre propos « pourquoi penses-tu ça », à prendre conscience de ce qui est juste ou faux dans ce que vous dites et à vous expliquer le cas échéant pourquoi c’est faux. En faisant cela, l’école vous apprend l’esprit critique.

Pour vous, quelles sont les limites de la liberté d’expression au sein du collège?

Comme je viens de le dire, c’est la loi, le règlement intérieur mai aussi tout ce qui peut faire du mal à quelqu’un. Il faut faire être vigilant… Parfois, on peut rire de quelque chose mais la personne à qui on s’adresse peut se vexer. En fait, il faut toujours essayer de savoir avec quelle personne on peut se permettre quelque chose, et avec lesquelles on ne peut pas. Il faut veiller que la personne comprenne bien que c’est de l’humour.

Au collège, que risquerait un élève qui enfreint les limites de la liberté d’expression?

Un élève qui enfreint les limites de la liberté d’expression risque que l’on applique le programme de sanctions qui est prévu au sein du collège. Enfreindre la liberté d’expression, c’est manquer à la charte . On risque donc d’ avoir des manquements, des mots ou d’autres sanctions… La gravité de l’acte est aussi à prendre en compte. Dans un collège, certaines personnes  ont plus d’autorité et d’autres en ont moins.  Si on dépasse les limites de la liberté d’expression avec des adultes, ça peut aller très loin.


Propos recueillis par Juliana CAILLARD et Yoni LESISZ